La couverture mobile en France et sa répartition (3G, 4G, 5G)

L’objet de cette étude

Cette étude met en avant la quantification de la répartition de la couverture mobile (3G, 4G et 5G) en France. Elle décrit toutes les données et les classements disponibles pour cet inventaire, rassemblés par l’observatoire Boutique Box Internet, qui dispose d’une réelle expertise dans le secteur de la téléphonie mobile. L’objectif est de diffuser de l’information sur la couverture réseau dans tout le pays, et au niveau européen et mondial.

La problématique liée aux différents réseaux (3G, 4G, 5G)

Il importe d’abord d’expliquer la différence entre ces trois technologies mobiles, qui passent par des fréquences hertziennes pour atteindre nos téléphones mobiles via des antennes relais :

• Pouvant atteindre un débit de 1,9 Mbit/s, la 3G marque, en 2000, le début de l’utilisation du haut débit sur mobile et a largement contribué à son expansion.
• La 4G, ou quatrième génération (2010), révolutionne les usages du smartphone, notamment la vidéo, puisque son débit peut aller jusqu’à 150 Mbit/s, voire 1 Gbit/s avec le réseau 4G+ (2014).
• La 5G (2020) propose un réseau jusqu’à 100 fois plus rapide que la 4G, une latence fortement réduite et une densité plus importante, permettant de connecter beaucoup plus d’objets simultanément (smartphones, objets connectés et même voitures).

Ce déploiement progressif de technologies nécessite d’adapter les infrastructures. Par conséquent, une disparité existe et se creuse entre les régions françaises au niveau de l’équipement 3G, 4G et 5G. C’est ce qu’on appelle la fracture numérique, notamment entre les zones urbaines et rurales, puisque la différence de connexion est liée à la rentabilité pour les opérateurs. En effet, une région peu peuplée représente moins de souscriptions, donc est moins rentable pour les opérateurs, qui y installent moins d’équipements. C’est un défi pour les pouvoirs publics de garantir l’accès au réseau à toute la population, sans discrimination.

Comment homogénéiser la couverture mobile de la France ?

Nous allons d’abord analyser l’étendue de la couverture mobile en France en 2022, puis nous étudierons les solutions et les projets imaginés pour homogénéiser le réseau mobile français, avant de le comparer à la situation européenne et mondiale.

L’étendue de la couverture mobile en France en 2022

Répartition du réseau mobile en France

Même si l’usage de la 4G se généralise, le réseau mobile français est encore aujourd’hui très hétérogène : on parle même de “fracture numérique” pour qualifier la différence de connexion flagrante entre les noyaux urbains et les zones rurales. L’association UFC-Que Choisir indique, par exemple, que 25 % des connexions 4G en France n’offrent pas de bonnes conditions pour se connecter à Internet, un chiffre qui peut monter jusqu’à 32 % en zone rurale.

Si les opérateurs historiques tels que Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR affichent une couverture réseau de 99 % de la population, certaines régions peu peuplées restent des zones blanches. On relève ainsi une baisse de débit de 40 % en moyenne entre une connexion 4G établie en ville et une autre établie à la campagne, un chiffre pouvant monter à 48 % chez Orange et SFR, voire 55 % chez Bouygues Telecom.

Couverture réseau des 4 opérateurs historiques (en % du territoire) :

Il est ici important de distinguer les zones “peu denses” des zones “blanches”. Selon l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse), les zones dites “peu denses” représentent environ 63 % du territoire et 18 % de la population. Elles sont situées un peu partout en France, notamment dans le Grand Est, le Sud-Est, les massifs montagneux et le centre. Ces territoires font l’objet d’un plan de déploiement prioritaire pour les opérateurs, en raison de leur très faible densité de population.
Quant aux zones blanches, ce sont des zones qui ne sont couvertes par aucun opérateur mobile. 3500 ont été identifiées par l’Arcep en 2003, 2008, 2015, 2016 et 2017 ; désormais 1277 d’entre elles sont couvertes en 4G.

En ce qui concerne le déploiement de la 5G, elle se cantonne pour le moment aux aires très peuplées, surtout les métropoles.

Voici le classement des villes les plus connectées à la 5G en mars 2022 (sources ANFR et Arcep) :

1. Clermont-Ferrand
2. Dijon
3. Nice
4. Saint-Etienne
5. Aix-en-Provence
6. Bordeaux
7. Villeurbanne
8. Nîmes
9. Toulouse
10. Metz

Ainsi, la répartition du réseau mobile en France est toujours inégalitaire et très hétérogène : la 5G est déjà disponible dans les zones les plus urbanisées, alors que certains villages de campagne sont encore de véritables zones blanches.

Classement des régions en fonction de leur couverture mobile

La couverture mobile 3G, 4G et 5G est très variable selon les régions et même les départements, voire les villes et les campagnes. Un classement par région donne donc un aperçu global de la couverture réseau et des inégalités entre les régions urbanisées et les zones plus rurales, mais ne fait pas état des disparités intrarégionales ou au sein d’un même département par exemple.

Classement des régions françaises en fonction de leur couverture mobile (données Arcep 2024) :

La Corse et la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur, qui comptent de nombreux sites naturels protégés et des zones de reliefs, peinent à acquérir une couverture réseau satisfaisante, à part la 5G en cours de déploiement dans les plus grandes villes. Ainsi, même si la plupart du pays est couverte, les disparités entre régions restent flagrantes.

Les solutions et les projets pour homogénéiser la couverture mobile en France

La dernière enquête de l’Arcep révèle que le débit moyen a fortement augmenté en un an, ce qui montre que la couverture mobile française progresse. En zone rurale, le débit a même parfois doublé, passant de 14 à 28 Mbit/s.
Différents plans d’action ont pu contribuer à cette avancée, notamment les plans d’action des acteurs de la filière et le déploiement de la 5G. Cependant, beaucoup reste encore à faire quand on sait que le débit s’établit à 62 Mbit/s en moyenne dans les grandes villes.

Les plans d’action

À l’heure où Internet est devenu indispensable, même pour les démarches administratives, l’État et les collectivités élaborent, avec les autres acteurs du secteur, des plans d’action pour étendre et renforcer la couverture réseau de tous les territoires.

• Le “New Deal Mobile”

En janvier 2018, le gouvernement, l’Arcep et les opérateurs de téléphonie mobile ont signé un accord les engageant à accélérer la mise en place d’une couverture mobile de qualité pour toute la population française, quelle que soit sa zone de résidence.
L’une des solutions prévues par ce “New Deal Mobile” est un dispositif de couverture ciblée : chaque opérateur s’est engagé à construire 5 000 sites mobiles d’ici 2026, dont au moins 2 000 partagés entre les 4 opérateurs historiques (Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR).

Les objectifs de ce dispositif sont multiples :

• Équiper tous les sites mobiles en 4G pour généraliser le très haut débit ;
• Améliorer la couverture mobile de manière ciblée, sur des sites prioritaires identifiés par les collectivités locales ;
• Apporter des solutions complémentaires pour avoir du réseau même à l’intérieur ;
• Améliorer la transparence de l’information sur les sites en panne ou en maintenance ;
• Couvrir les axes routiers ;
• Fournir un service de 4G fixe.

Le New Deal Mobile affiche aujourd’hui un bilan satisfaisant : l’Arcep estime que 96 % du territoire est aujourd’hui couvert en 4G par au moins un opérateur (+ 7 points) et 76 % couvert par tous les opérateurs en 4G (+ 31 points).

• Le projet “Tu captes ?”

Porté par la région Hauts-de-France, le projet “Tu captes ?” a donné naissance à une application mobile gratuite et participative qui permet à chaque habitant de la région, à l’endroit où il se trouve, de mesurer la qualité du réseau de son opérateur et de comparer avec celle des trois autres opérateurs historiques, tout en partageant ces données avec les autres utilisateurs.

À terme, elle doit aussi permettre d’identifier les zones blanches et à faible débit pour savoir où positionner les antennes, et donc améliorer la couverture réseau de la région.

La couverture des réseaux 5G

La 5G est en cours de déploiement sur le territoire français ; l’objectif des opérateurs mobiles est d’en couvrir 100 % d’ici 2030. De plus, si la France veut tenir le cap fixé par la Commission européenne, il faut que la 5G couvre toutes les grandes villes et les principaux axes de transport avant 2025.

La France a-t-elle les moyens d’atteindre ces objectifs ? N’est-ce pas trop ambitieux quand on constate qu’il reste des zones blanches dans de nombreuses régions ?

Commercialisée en France depuis novembre 2020, la 5G équipe désormais la plupart des grandes villes via les équipements des quatre opérateurs historiques. C’est Free qui arrive en tête du baromètre nPerf en 2021, puisqu’il commercialise 46 % des antennes et couvre 83 % de la population, même s’il ne dispose pas du nombre le plus élevé d’antennes 3,5 GHz qui sont celles qui offrent les meilleures performances en 5G. C’est Orange qui domine ce classement (3 204 antennes 3,5 GHz), suivi de près par SFR (3 125).

Il est important de préciser que dans la plupart des cas, la 5G sert à améliorer le réseau des zones urbaines dont le réseau 4G est déjà saturé. Elle a représenté un investissement de 2,8 milliards d’euros pour les opérateurs.

Couverture des réseaux 5G par opérateur :

Le gouvernement français s’est, quant à lui, engagé à investir jusqu’à 735 millions de financements publics d’ici 2025 ; il espère ainsi mobiliser, par effet de levier, jusqu’à 1,7 milliard d’investissements dans la 5G. Cette stratégie est financée par France Relance (plan de relance pour accélérer la transformation écologique, industrielle et sociale du pays) et par le 4e Programme d’investissements d’avenir (dédié à la recherche et l’innovation pour améliorer la compétitivité des territoires).

Ainsi, les stratégies mises en place par les acteurs sont ambitieuses et prometteuses ; leur succès dépendra de leur capacité à étendre davantage la couverture des zones rurales par le réseau de fibre optique (qui pourrait offrir une connectivité pour tous d’au moins 100 Mbit/s, pouvant éventuellement être portée à 1 Gbit/s). De plus, le succès de cette stratégie à l’horizon 2030 dépend d’une amélioration de l’indicateur concernant le spectre 5G, qui souffre pour le moment d’une absence de procédure d’attribution de fréquences pour la bande 26 GHz pour le moment réservée aux liaisons satellitaires et d’infrastructures.

La France à l’échelle européenne et mondiale

L’amélioration de la couverture mobile française et le déploiement de la 5G dans le pays s’inscrivent dans un contexte plus global de généralisation des technologies mobiles et de digitalisation du monde. À cet égard, il est intéressant de comparer la situation de la France à celle de ses voisins européens et d’étudier le plan de déploiement de la 5G dans le monde.

Où se positionne la France dans le classement européen ?

Le classement européen des pays en termes de connectivité et de couverture mobile peut se faire à travers les données de l’Indice relatif à l’économie et à la société numérique (DESI).
Il place la France à la 12e position sur les 27 pays de l’Union européenne, en fonction de quatre critères : capital humain, connectivité, intégration de la technologie numérique et services publics numériques.

Classement de la France dans le DESI (2024) :

Si on prend uniquement en compte la connectivité, la France monte à la 5e place du classement et se distingue par sa bonne couverture globale, due à la large disponibilité du très haut débit, notamment la 4G.

Le rapport souligne ainsi que la France a fait de gros progrès sur sa connectivité et sa couverture mobile, à tel point qu’elle a obtenu des résultats supérieurs aux prévisions.

Même si elle n’est pas qualifiée de pionnière du numérique, elle réalise des performances honorables pour la couverture 4G et 5G au niveau européen. Voyons maintenant ce qu’il en est au niveau mondial.

Plan de déploiement de la 5G dans le monde

Quand on regarde l’évolution du déploiement de la 5G dans le monde, on constate d’abord qu’elle s’est largement répandue en deux ans, notamment sur le continent américain et en Asie ; elle devrait atteindre le milliard d’abonnés d’ici la fin de l’année 2022.
L’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud disposent désormais de réseaux entièrement dédiés à la 5G, à quelques exceptions près (Colombie, Nicaragua).
Quant à l’Asie, la 5G s’y est démocratisée à vitesse éclair, surtout en Chine et alentours : le continent va bientôt représenter les trois quarts des abonnements 5G dans le monde.
En revanche, la majorité de l’Europe, même si elle a déployé cette technologie, n’est pas encore très familière de la 5G, puisqu’elle ne représente encore que 4 % des connexions.

Estimation de l’adoption de la 5G par région du monde selon la part dans le total des connexions mobiles :

À l’horizon 2025, la 5G devrait devenir la technologie mobile prédominante dans certains pays d’Asie (Corée du Sud, Chine) et en Amérique du Nord, d’après l’opérateur suédois Ericsson.
Néanmoins, la conjoncture géopolitique actuelle oblige le marché à revoir ses prévisions à la baisse : en effet, les ventes de smartphones 5G devraient être affectées par les mesures liées à la reprise de l’épidémie au niveau mondial, les contraintes sur les chaînes d’approvisionnement et l’invasion russe en Ukraine qui laisse présager des incertitudes.
Quant à la France, elle doit d’abord régler le problème des zones blanches et de sa couverture 4G hétérogène avant de pouvoir prétendre à la 5G pour tous.