Final de GoT : le récap, entre espoir et déception

Le calme après la tempête

L’épisode commence comme le lendemain d’une soirée un peu trop arrosée pour Tyrion et toute la compagnie : on observe les dégâts et on essaye de comprendre à quel moment les choses ont pu prendre une telle tournure.

tyrion got
Source : HBO

En réalité, ça faisait longtemps qu’on s’en doutait : Dany a tout de même vécu 7 saisons d’errance où elle a été vendue, violée, kidnappée, pour au final aider tout Westeros à gagner la bataille contre les marcheurs blancs, sans avoir été vraiment remerciée pour le geste. Oui, à Westeros, personne ne l’aime. Les gens préféraient son amant, Jean Neige, qui ne l’aimait d’ailleurs plus trop non plus après avoir découvert sa véritable identité, et de surcroît, leur lien de parenté. On rajoute par dessus ça l’insolence de Cersei, un dragon, et une pathologie mentale héréditaire : il n’en fallait pas plus pour que la petite sauterie se transforme en barbecue.

Le seul qui semble encore en douter, c’est bien évidemment Jon, fidèle au poste. Jusqu’au moment où il lui enfoncera un poignard dans le coeur, le “roi du Nord” continue de soutenir les actes de Daenerys d’une manière très irritante pour le téléspectateur, et ce malgré les remontrances de Tyrion, qui l’implore de reprendre sa place d’héritier légitime du trône et de destituer la “Mad Queen”.

Nos adieux à Daenerys

Dans cette épisode, on nous présente une Daenerys ambivalente : à la fois effrayante face à la foule en délire, prête à en découdre avec tout Westeros, on la découvre ensuite presque ingénue et touchante quand Jon lui rend visite dans la salle du trône réduite en cendre (à part le trône… A la bonne heure). Persuadée de faire le bien, et d’avoir libéré le continent du joug d’un tyran, on lui trouve quand même un air d’illuminée quand elle précise qu’elle a le monopole du bien et du mal, et qu’elle a assassiné une ville entière pour la simple et bonne raison que Cersei s’en était servie d’arme contre elle (ce n'était pas une évidence pour tout le monde).

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Source : HBO

Les deux amants finissent par se réconcilier dans une étreinte interminable et un tant soit peu gênante … Mais GoT, ton univers impitoyable : Jon finit par dénouer l’intrigue en poignardant sa bien aimée / tante / Dany pour les intimes. S’ensuit une petite gueulante de Drogon, qui sonne surtout l’extinction d’une espèce : plus de “Mother of Dragons” = Plus de dragon. Instant tragique pour la biodiversité et la faune dans l’univers de la série. Et pour le trône aussi : mais Drogon aurait-il prédit que le futur roi n’en aurait pas besoin ?

Un éternel recommencement pour Jon, et un nouveau roi pour Westeros

Et voilà ! Encore une fois grâce à Jon, qui commençait à devenir agaçant avec ses airs de premier de la classe, le royaume est sauvé, et les affaires peuvent reprendre. Pour le remercier, ils l’ont mis en prison. Pendant qu’il purge sa peine, Tyrion - également détenu prisonnier par les Immaculés - est présenté devant un “conseil” pas du tout démocratique (Sam a évoqué l’idée, mais c’était encore trop tôt Sam, désolé) composé des Lords et représentants des différents royaumes, à savoir : les Starks, Brienne de Torth, les seigneurs du Val, le prince de Dorne, Edmure Tully, et Sam (cherchez l’intrus).

L’objet de la discussion : savoir qui va finir sur le trône. L’idée du suffrage universel ayant vite été balayée (on apprécie quand même le geste), c’est de manière tout à fait naturelle que Tyrion, pourtant prisonnier, propose à Bran de prendre la couronne. Validé par l’assemblée, on reste tout de même assez surpris par son arrogance. Visiblement, la “corneille à trois yeux” était déjà au courant qu’elle allait finir sur le trône. Mais loin d’elle l’idée de prendre un raccourci pour éviter un pugilat et sauver la vie de plusieurs milliers d’innocents.

On note tout de même la force de persuasion de Sansa, qui défend bien son bout de gras et réussit à repartir en Reine du Nord sous l’air hébété de Yara, qui se dit qu’elle a laissé passer une bonne occasion de devenir elle-même Reine des Îles de Fer.
Quand à Jon, c’est retour à la case départ et direction le mur, pour réintégrer la Garde de Nuit. C’est pas comme si on ne lui avait pas proposé les 6 couronnes sur un plateau et qu’il les avaient refusé, donc sans rancune, Jon.

Game of Thrones : une réflexion sur l'exercice du pouvoir

Mais alors, que retenir de cette saga ? Pour de nombreux fans et spécialistes, la série met avant tout en exergue les limites du pouvoir. Et pour cause : tous les personnages ayant soif de pouvoir dans Game Of Thrones sont soit fous, soit tendent à le devenir. Dans tous les cas, ils finissent par mourir dans leur quête pour y accéder : Joeffrey, Cersei, Ramsay Bolton, Viserys Targaryen, le Mad King, Margaery Tyrell, Euron Greyjoy, Littlefinger et enfin Daenerys.

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Source : HBO

La série interroge en effet tout au long des 8 saisons l’exercice du pouvoir, sa nature, et comment le distribuer de manière légitime et juste. Inscrite dans un temps moyenâgeux, la question de l’hérédité pour accéder au trône est essentielle, mais pourtant vite questionnée par les aspirations de Daenerys. Dès les premières saisons, elle cherche à devenir une reine “juste” et libérer les peuples de souverains tyranniques. Elle cherche sans cesse l’approbation des citoyens pour gouverner, et prétend récupérer le trône pour des raisons morales dépassant une simple légitimité héréditaire.

Le dénouement de la série, mettant Bran sur le trône, alors que ce dernier n’avait aucune prétention à y être depuis le début de la série, le montre bien : ce sont les personnages qui ne veulent pas du pouvoir, qui sont les plus à même de l’incarner. Cette prétention à ne pas gouverner fait les plus grands héros de la série : à l’image de Jon Snow, qui prend le pouvoir quand on lui donne, alors qu'il n’en veut jamais véritablement.

Beaucoup y voient une critique de la politique actuelle : Game of Thrones est une manière d’aborder la question du pouvoir, de son instabilité, et de comment les personnes qui s’en saisissent peuvent être dangereuses si elles n’ont aucune barrière morale. Aussi, elle montre qu’un homme seul gouverne mal, et toutes les décisions constructives prises par les dirigeants dans Game Of Thrones sont celles qui ont été prises en groupe. En revanche, chaque décision prise par un personnage seul aura des conséquences funestes.

Une série féministe, qui met les femmes à l'honneur

En mettant en scène des personnages féminins comme Arya, Yara ou encore Brienne, qui n’ont aucune propension à se plier aux exigences de la société dans laquelle elles évoluent au regard de leur condition de femme, la série se veut engagée pour la cause féminine. Arya ne veut pas se marier, et ne veut pas devenir “une lady” : elle s’extirpe de tous ses carcans au fur et à mesure de la série. De la même manière, Brienne aspire à devenir chevalier. Elle combat mieux à l’épée que la plupart des hommes qu’elle croise sur son chemin, et finit d’ailleurs par mettre Clegane à l’amende, pourtant connu pour être un adversaire presque impossible à battre.

Des personnages comme Daenerys sont beaucoup plus féminins : si elle ne rejette pas sa féminité contrairement à Arya ou Brienne, elle tend tout de même à briser les conventions avec des ambitions surprenantes au regard de l’époque et du contexte social et économique dans lequel s’ancre la série. Certes, Daenerys finit folle : mais il ne faut pas pour autant y voir une conception patriarcale de la femme “hystérique”, qui finit forcément par ne pas pouvoir gouverner. Ici, c’est le pouvoir qui la pervertit. Les personnages féminins dans Game Of Thrones se battent continuellement pour sortir de leurs carcans : des personnages de prostitués comme Shae ou Ros, bien qu’ayant des ambitions moins grandes, cherchent sans cesse à évoluer malgré leur condition et leur rôle dans l'intrigue.

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Source : HBO

L’empreinte féministe de la série se ressent aussi grâce à des personnages comme Cersei : grande “méchante” de la saga, une telle posture pour un personnage féminin est rare. Elle inspire la peur, et est toute puissante pendant une grande partie de la série, que ce soit en tirant les ficelles derrière son mari et ses fils, ou lorsqu’elle accède elle-même au trône après la mort de Tommen. Les personnages comme Sansa, qui incarne plus la féminité comme elle a tendance à être représentée dans nos sociétés contemporaines, sont d’ailleurs souvent peu aimées des téléspectateurs, car jugées trop fragiles. Son personnage incarne néanmoins une belle leçon de féminisme, puisqu’elle finit inébranlable, couronnée Reine du Nord.

Game Of Thrones et la question du climat

Enfin, comment ne pas quitter la série sans revenir sur la métaphore du changement climatique ? Les Starks nous préviennent depuis le début : l’hiver vient. Dans un monde aux saisons complètement déréglées où l’été peut durer des années, et où l’hiver peut s’avérer meurtrier, Game of Thrones n’est pas sans faire référence à la thématique des problèmes environnementaux, qui nous est très contemporaine.

Mais les personnages sont trop occupés à se disputer l’exercice du pouvoir. Ils détournent leur attention du problème de l'interminable hiver, dont les marcheurs blancs semblent être l'allégorie, et qui frappe pourtant à leur porte.

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