Parasite, n.m : Organisme animal ou végétal qui se nourrit strictement aux dépens d’un organisme hôte d’une espèce différente, de façon permanente ou pendant une phase de son cycle vital”.

Il est difficile d’écrire une critique de Parasite, sans déflorer pétale après pétale le récit labyrinthique de Bong Joon-ho. Son oeuvre se fait rencontrer deux familles à Séoul, l’une pauvre et au chômage, l’autre riche et ostentatoire. L’une vit en entresol, l’autre dans une villa bétonnée. On ne parle pas ici de lutte des classes sociales, ou alors ce n’est que la paroi d’un majestueux iceberg sous lequel un banc de secrets s’étend, s’écoule et s’enroule au gré des courants. Pour que ces deux familles se croisent, il ne suffit que de quelques pas, ou d’un étage seulement : le rez-de-chaussée.

La famille pauvre se compose du père, Ki-taek, de sa femme et de leurs deux enfants, Ki-Woo et Ki-Jung. Dans leur entresol, ils captent la wifi chez le voisin du dessus, ou aux toilettes. Des inconnus alcoolisés viennent se soulager à leur petite fenêtre. Comme des petits insectes dans leur “trou-à-rats”, ils survivent à coups de bières. Grâce à la proposition d’un ami, le jeune fils trouve un travail en tant que professeur d’anglais dans une maison bourgeoise où vit la famille Park. Ce que l’on peut penser être une joyeuse arnaque pourrait bien tourner au drame, et dans cet entre-deux, un thriller morbide s’y installe.

Synopsis Parasite
© Parasite de Bong Joon-ho

Une peinture sociale en fond de thriller

La première force de cette palme est le mélange des genres. Parasite est une peinture sociale dont le cadre serait un thriller. Le genre accroche l’intérêt du spectateur, pour mieux lui délivrer la critique sociale acérée de Bong Joon-ho. De l’éclat de rire à l’effroi, il n’y a qu’une surprise : car la surprise est derrière chaque porte, et dans ce huis-clos, on ne sait jamais ce qui s’y cache. Le réalisateur s’amuse à jouer sur les codes cinématographiques, entre hémoglobine, horreur, thriller et comédie. Il suffit de 2h15 pour saisir les diverses émotions et variations de tons, ceux que l’on peut ressentir dans un bout de vie. Parce que oui, la vie est chaotique. Et comme dans une vie, on déguste dans ce film chaque pallier de la pièce montée. C’est doux, puis croquant, puis acidulé jusqu’à exploser en bouche.

Ce mélange de genres est l’ingrédient phare de Bong Joon-ho pour mieux faire passer son message : une critique sociale nuancée de notre société.

Une critique sociale nuancée

Ici, personne n’est ni tout blanc, ni tout noir. Il n’y a aucun jugement à avoir sur les personnages, ce sont les plans cinématographiques aiguisés qui exprime la rage contre une société capitaliste qui rend les comportements immoraux. Ni la pauvreté ni la richesse n’excusent les comportements amoraux. C’est la justesse du jeu des acteurs notamment de Song Kang-Ho (jouant Ki-taek) qui rend toute la complexité et l’ambiguïté des êtres. Le spectateur s’attache, se détache au fil des actions. À aucun moment le film n’est manichéen, le réalisateur est bien trop malicieux pour cela.

Dans cette satire sociale, le spectacle est permanent. Comme dans tout huis-clos théâtral, chaque personnage joue son rôle, ou le rôle que son voisin lui a attribué, ou celui dans lequel il se verrait bien vivre. Mais qui est le bouffon de l’autre ? Qui dupe qui ? C’est au tournant de la seconde partie du film que le parasite est tourné en dérision, parce qu’il n’est plus qu’un organisme. Et dans une atmosphère kafkaïenne se dénoue la fin. Comme le souligne la mère, Moon-Gwang, chez les riches, il suffit d’un coup de fer pour effacer les plis. Mais la vie n’est pas un pli, il ne suffit pas d’un coup de fer à repasser pour effacer les aléas du quotidien qui nous froissent et nous défroissent.

Critique sociale nuancée
© Parasite de Bong Joon-ho

Une direction photographique éblouissante

La photographie et la bande-son sont au service du récit. La musique classique accompagne une scène cinglante, la lumière feutrée accompagne une joie explosive. D’une main de maître, Bong Joon-ho aux côtés de Jael Jung et Hong Kyung-pyo, créent un chef d’oeuvre dans lequel le spectateur se plonge. L’inondation attaque la ville et la pluie déferle sur les grandes marches de Séoul, et pourtant nous ne voyons que les baskets abîmées de Ki-Woo prendre l’eau. Et comme l’inondation de Séoul emporte tout sur son passage, avec elle les parasites, que reste-t-il ? Il reste les liens familiaux unissant coûte que coûte les parents aux enfants. Une résonance que l’on retrouve dans chaque film de Bong Joon-ho.

Direction photographique Parasite
© Parasite de Bong Joon-ho

Parasite, organisme vivant, s’incruste chez nous, hôte et spectateur, pour nous tenailler au corps et à l’esprit plusieurs jours après. On en garde la couleur et la saveur, presque l’odeur au nez. “Les pauvres ont des odeurs” remarque Mr Park, et c’est ce détail du sens – et de l’odorat – qui va donner au drame ce délicieux parfum.

En savoir plus

  • Plus d’informations sur le réalisateur ici

 

Source :

http://www.allocine.fr/film/fichefilm-255238/casting/

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