Les États-Unis et la Chine : Deux modèles de réussite

En terme de conquête spatiale, les États-Unis et la Chine sont deux États absolument incontournables. Face à des pays progressant rapidement dans le domaine de l’aérospatial, l’Union Européenne a-t-elle seulement encore une chance de défendre sa place ?

Si le modèle américain et le modèle chinois semblent fonctionner, il est bon de se pencher sur leurs spécificités respectives pour en tirer un enseignement pouvant profiter à l’Europe.

Le programme spatial américain, un modèle ultra dynamique

Depuis la course à l’espace amorcée dans les années 1960 pour combattre l’Union Soviétique, les États-Unis ont su maintenir le plus imposant programme spatial de la planète. Ce positionnement s’explique par le soutient financier considérable qu’entreprises privées et pouvoirs publics apportent à ce projet.

Le saviez-vous ?

À eux deux, Chine et États-Unis représentent presque deux tiers (63%) des lancements orbitaux réussis en 2018.

En effet, à elle seule la NASA dispose d’un budget de 21 milliard de dollars et on estime que la totalité du financement américain pour l’espace serait 5 fois supérieur à celui de l’Europe. Conscients que les applications de la recherche stellaire sont innombrables (Internet, GPS, téléphonie, etc.) les États-Unis tente de soutenir activement ce secteur industriel.

Alors que le programme spatial américain commençait à ralentir, l’émergence de la Chine a galvanisé le projet. Comme lors de la Guerre Froide, la politique américaine sur l’espace se fonde sur la démonstration d’une hégémonie technologique par rapport à un État concurrent. À n’en point douter, ce nouveau souffle saura dynamiser le programme développé par la NASA et ses partenaires nationaux.

La Chine : un acteur spatial de plus en plus crédible

Programme spatial ChineHistoriquement, la Chine a tenté d’atteindre les étoiles dès 1957 après le succès du tout premier satellite artificiel de la Terre, Spoutnik (4 octobre 1957). Elle aura tout de même attendu les années 1970 pour lancer son tout premier satellite. Malgré un certain retard, le programme spatial chinois s’est développé à une vitesse effarante jusqu’à aboutir à la prouesse du premier alunissage sur la face cachée de la Lune le 03 janvier 2019.

Aujourd’hui, il ne fait aucun doute que le pays espérant devenir la première puissance spatiale mondiale d’ici 2045 est un concurrent sérieux pour l’Europe. Si la Chine grimpe les marches du classement des puissances spatiales à grande vitesse, c’est aussi grâce à la multitude de lancements effectués ces dernières années. En 2019, la Chine a envoyé 27 lancements spatiaux contre “seulement” 16 pour les États-Unis.

Toutefois, le gouvernement Chinois doit composer avec un handicap de taille, l’impossibilité d’utiliser du matériel américain comme convenu dans le Itar (International traffic in arms regulations). En empêchant commercialement la Chine de se développer, les États-Unis entendent freiner l’avancée du géant chinois. Néanmoins, cette mesure pourrait bien bénéficier à la Chine qui se voit dans l’obligation d’innover sans cesse.

Vers un second souffle européen ?

À partir des années 1970, l’Europe a progressivement cessé de regarder vers les étoiles. Les chocs pétroliers successifs (notamment 1973 et 1979) ayant secoué l’UE jusque dans ses fondations, les États membres ont petit à petit délaissé les politiques spatiales pour se concentrer sur les politiques transnationales.

Heureusement, une dizaine d’années plus tard, l’Union Européenne a un sursaut d’intérêt pour l’espace et reprend activement son programme spatial au point de devenir le leader mondial des lancements commerciaux dans les années 1990 (devançant même les États-Unis).

Certes, l’Europe est capable de bâtir un projet spatial lui permettant de siéger parmi les premières puissances mondiales dans ce secteur, mais quels freins doit-elle surmonter pour y parvenir ?

Un financement encore trop restreint

Ce n’est pas un secret, la recherche aérospatiale coûte cher. Pour être concurrentiel le budget de l’ASE (Agence Spatiale Européenne) devrait être au moins équivalent à ceux des grandes puissances spatiales ce qui n’était pas le cas pendant de nombreuses années.

Aller dans l'espace, un club très privé

Dans le monde entier, seuls 7 pays (ou groupe de pays) ont réussi des lancements orbitaux. Il s’agit de la Chine, la Russie, les États-Unis, l’Inde, la Nouvelle-Zélande, l’Europe et le Japon.

Cependant, les signaux semblent aujourd’hui au vert puisque la Commission Européenne devrait accorder un budget de 16 milliards d’euros pour les projets liés à l’espace en 2020. De leur côté les ministres des pays membres de l’ASE ont obtenu une augmentation de 20% de leur enveloppe annuelle (qui devrait s’élever à 12 milliards d’euros).

L’Union Européenne semble bien décidée à investir massivement dans la recherche spatiale pour ne pas se laisser distancer par les États-Unis ou la Chine. Il reste à espérer que les promesses financières aillent de paire avec une feuille de route ambitieuse.

La difficulté d’établir une politique spatiale européenne

Avenir programme spatial EuropeOn le sait depuis longtemps, si l’Union Européenne permet aux États du vieux monde de continuer à peser sur la scène internationale, cela s’accompagne de quelques contraintes.

En matière de politique spatiale, l’Europe peine encore à avancer à l’unisson. Pendant longtemps, les plus gros contributeurs européens se sont livrés une “guerre” tacite pour bénéficier au maximum des retombés de la recherche spatiale.

Jusqu’à récemment, l’Allemagne entendait s’impliquer davantage dans les projets lunaires et l’intelligence artificielle tandis que l’Italie poussait surtout pour l’exploration de Mars. Entre les deux, la France (plus gros contributeur de l’ASE) espérait un retour sur investissement grâce à ses entreprises pionnières embauchant 16 000 salariés.

Aujourd’hui le climat est apaisé entre les différents contributeurs qui ont, semble-t-il, pris la mesure de l’importance d’une politique d’envergure internationale visant à concurrencer la Chine et les États-Unis.

L’Union Européenne dispose des armes nécessaires pour concurrencer les superpuissances dans la conquête stellaire. Forte d’un savoir-faire reconnu, d’un financement en hausse et d’une politique qui tend enfin à s’harmoniser, aucun obstacle ne devrait empêcher l’UE d’atteindre ses objectifs.

Sources :

  • https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/01/03/la-chine-reussit-le-premier-alunissage-sur-la-face-cachee-de-la-lune_5404547_1650684.html
  • https://www.france-science.org/Budget-de-21-5-Md-pour-la-NASA.html
  • https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/27/face-aux-etats-unis-et-a-la-chine-l-europe-spatiale-pousse-ses-feux_6020646_3234.html

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